« Pourquoi prendre la peine de vivre si c'est uniquement pour attendre la fin avec impatience ? Pourquoi avancer sans but ? Pourquoi ne ressentir que les mauvaises choses serait normal ? Pourquoi se forcer à être comme les autres ? Jouer un rôle pour être accepter ? S'ils acceptent le rôle, c'est qu'ils ne nous acceptent pas, nous, au naturel. Pourquoi faire semblant ? À quoi bon continuer ? ».
_Sioban ! Chuchota sa mère. Réveilles-toi !
_ Je ne dors pas.
_Lèves-toi !
Elle sortit de son lit, et s'habilla. Elle partit se brosser les dents, se coiffer, elle mis ses vans, sa veste, et partit.
_Sioban !
Elle se retourna.
_ Quoi, maman ?
_ Passes une bonne journée ! Dit-elle doucement.
Sioban baissa les yeux, et tourna les talons.
Dehors, il pleuvait, elle mit la capuche de son sweet, et les mains dans ses poches.
Arrivée à l'arrêt de bus, il y avait déjà des gens, ils la regardèrent, elle les fixa. Ils finirent par détourner le regard.
Le bus arriva presque immédiatement. Elle montra sa carte en montant, et alla s'asseoir au fond, côté fenêtre. Elle sortit de son sac son mp3, et monta le son pour ne plus rien entendre autour.
Elle appuya sa tête contre la vitre.
« bad decisions, that's alright, welcome to my silly life*... »
« *Mauvais choix, c'est pas grave, bienvenue dans ma vie de fou... »
« If you ever, ever feel, like you're nothing, you're fucking perfect, to me.* »
« Si tu as déjà eu l'impression que tu n'étais rien, tu es putain de parfaite, pour moi. »
Pour qui ? Pour qui pouvait-elle paraître parfaite ? Sûrement pas quelqu'un de ce monde.
Elle se leva et appuya sur le bouton, puis quand le bus s'arrêta, elle descendit.
De toutes façon, même si elle plaisait... ce ne serait sûrement pas réciproque...
_Bonjour ! Fit la secrétaire. Interne ?
_ Oui. Je suis Sioban...
_ Ah ! Décidément !
Elle rit.
_ La fille juste avant toi s'appelait Bérényce, et celle d'encore avant, Nowait !
Sioban attendit la suite.
_Enfin ! Donc, attends voir, tu es au quatrième étage, c'est là que sont les chambres, dans la douze.
Sioban hésita, puis demanda :
_ Je suis avec quelqu'un ?
_ Euh, oui ! Bien sûr ! Elle s'appelle Mia ! Mais, elle n'est pas encore arrivée.
Super...
Sioban monta chercher sa chambre.
Elle parcourue les escaliers vides, puis les couloirs. Une fille rousseaux cheveux court la bouscula, puis la fusilla du regard. Elle baissa la tête, et serra les mâchoires. Elle s'arrêta devant la chambre numéro douze, et ouvrit la porte.
Elle entra et referma derrière elle. Deux lits étaient côtes à côtes, un peu espacés. Il y avait deux bureaux, un de chaque côté de la chambre, et deux armoires.
Sioban posa sa valise par terre, dans un coin, et s'assit devant un des deux bureaux. Elle sortit de son sac noir Eastpack son cahier de dessin, et un crayon à papier.
Elle commença à dessiner. Ne pensant à rien, elle se laissa guider par son esprit. Elle noircit tout le tour de sa feuille, et commença les détails. Un œil se profila. Il paraissait lui reprocher quelque chose.
Elle le regarda un moment, puis continua son dessin.
C'était une fille. Elle était belle. Elle la regardait, mais son expression était triste et en colère.
« Ne m'en veux pas, je t'en pris ! » pensa Sioban. « Je n'y peux rien... je ne peux pas, c'est tout. Je ne peux pas être heureuse... Mais ne sois pas triste, s'il-te-plaît. Je ne veux pas que ça t'affecte... »
Tous ses dessins... tous ses dessins reflétaient son esprit, ses pensées, et on aurait dit qu'ils lui en voulaient tous, parce qu'elle ne réussissait pas à être heureuse, à respirer. Comme si elle empêchait des gens de vivre.
Elle referma son cahier de dessin. Cela suffisait. Elle ne voulait plus jamais se confronter au fond de son cœur, et voir à quel point il était sans espoir.
Quelqu'un frappa à la porte, doucement, et entra.
_Bonjour, murmura une fille brune, aux yeux bleus clairs.
Elle n'était pas très grande, comme Sioban, mais elle était mince, et frêle. De plus, elle portait sa valise devant elle, les deux mains jointes devant son ventre, ce qui la rendait fragile.
Sioban ne réussit pas à répondre, aucune voix ne sortit de sa gorge. Elle se retourna face au bureau.
Elle s'en voulu.
Qu'elle était belle... Mia.
Elle l'entendit poser sa valise très discrètement, comme si elle ne voulait pas la déranger.
Mia vit que Sioban avait poser sa valise par terre, alors, embarrassée, elle enleva la sienne, qu'elle venait de poser sur un lit, et la mit par terre, également.
Elle resta là, debout, à se tortiller les mains.
Sioban fit semblant de regarder ses dessins, mais, en réalité, elle concentrait toute son attention sur Mia.
« La pauvre » pensait-elle. « Elle va me détester... Mais je ne peux rien dire, je ne peux rien faire. »
Mia prit doucement la parole.
_Euh... Tu veux quel lit ? Demanda-t-elle timidement.
Sioban la regarda, puis baissa immédiatement les yeux.
_ Je ne sais pas, comme tu veux...
Mia regarda les deux lits, et prit une décision, sans réfléchir davantage.
_ Je peux prendre celui-là ?
Sioban hocha la tête.
Mia ouvrit sa valise et en sortit des piles de vêtements qu'elle rangea dans l'armoire à côté du lit. Elle aurait voulu demander à Sioban si elle était là depuis longtemps, mais elle se ravisa. La pauvre n'avait visiblement pas envie de parler, et la réponse à cette question n'était pas importante. Elle se demandait si Sioban connaissait son nom... Elle connaissait le sien parce que la secrétaire lui avait dit, mais peut-être qu'elle n'avait rien dit à sa camarde de chambre. Peut-être que Sioban avait envie de lui demander mais qu'elle n'osait pas... que faire ? Si c'était le cas, elle devait être bien embarrassée !
_ Je m'appelle Mia, dit-elle. Toi c'est Sioban, c'est ça ?
Elle hocha la tête.
Tiens, la secrétaire avait du lui dire.
Mia se demandait maintenant si Sioban connaissait d'autres élèves, ici. Était-ce elle qui avait choisit de venir dans cet établissement ? Dans ce cas, pourquoi ? Avait-elle des frères et sœurs ? S'entendait-elle bien avec ses parents ? Peut-être que non, et que c'était pour cette raison qu'elle désirait être interne...
Mia était si timide... elle n'oserait sûrement jamais lui poser toutes ses questions...
Si seulement Sioban disait quelque chose...
Au même moment, Sioban, qui était dos à elle, ferma les yeux. « Je suis désolée » pensait-elle. « Je suis désolée d'être repoussante... je ne peux pas t'aider à m'approcher, car j'ai peur de me mettre à découvert, et même si je te fais confiance, considère cela comme un réflexe. Pense aux chevaliers qui étaient protégés grâce à leur armure, mais s'ils tombaient à l'eau, ils coulaient. C'est la même chose. J'aimerais tellement...j'aimerais tellement que tu réussisses à m'atteindre... »
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