Bérényce ouvrit la porte de sa chambre. Sur la pointe des pieds, elle alla jusqu'à la cuisine, sans allumer aucune lumière. Son père était déjà là. Elle lui fit la bise.
_ Bonjour papa.
_ Bonjour. Tu as bien dormis ?
_ Oui, merci.
_ Alors, tu es motivée pour ce premier jour au lycée ?
Elle sortit son bol et le remplit de céréales.
_ Oui. Mais je suis un peu stressée.
_ Oh, c'est normal. Moi aussi j'avais un peu peur, mais je me suis fait des amis dès le premier jour. Tu verras, bien vite, tu te rendras compte qu'appréhender était inutile.
Il lui fit un clin d'œil et se leva pour aller rincer sa tasse « le meilleur papa » que lui avait offert son dernier fils pour son anniversaire.
_ Bon, j'y vais,moi. Passe une bonne journée !
_ Merci, toi aussi.
Son père sortit.
Elle prit son déjeuner tranquillement. Sa grande sœur entra alors qu'elle prenait l'éponge pour essuyer la table.
_ Laisse, Maria s'en occupera.
Maria était la femme de ménage.
_ Oula ! Tu m'as l'air bien défaite, dis moi ! S'exclama sa sœur.
_ Hélène, c'est mon premier jour de lycée...
_ Ah, oui, c'est vrai ! Excuse moi, mais avec tous ces « premiers jours » ! Entre Joseph et Gisèle qui entrent au collège, Achille en maternelle, et Pacôme au CP... ça fait beaucoup !
Elle lui sourit.
_ Enfin, moi qui suis la plus âgée, je peux te dire que le lycée va changer ta vie !
Bérényce sourit de travers.
Elle n'avait pas vraiment envie de changer quoi que ce soit...
_ C'est toi qui m'amène, ce matin ?
_ Oh, non. Désolée, mais ce n'est pas prévu... Non, ça doit être Maria, normalement. Elle est sensée arriver ici, puis t'emmener.
La femme de ménage ? Super. Espérons qu'elle ne sorte pas de la voiture...
Bérényce finit de se préparer, puis, elle se planta debout devant la porte d'entrée. Maria avait intérêt à être à l'heure !
Elle ne l'était visiblement pas...
Bérényce se regarda dans le miroir. Elle arrangea ses cheveux courts et roux derrière ses oreilles. Elle était plutôt belle, en fait... mais peu importait ! La beauté ne servait à rien de profond dans la vie. C'était sa mère qui disait cela, et elle avait raison !
Elle entendit frapper à la porte, elle ouvrit immédiatement.
Maria se tenait là, l'air surprise.
_ Je vous attendais ! Dit froidement Bérényce.
_ Excuses-moi.
Bérényce inspira profondément. « excusez-moi », elle aurait du dire « excusez-moi ». Après tout, Maria était autant sous les ordres de ses parents que sous ses ordres à elle.
Elle poussa Maria dehors, elles n'avaient vraiment pas le temps de rester poser des affaires à la maison, ou quelque chose d'aussi futile.
Lorsqu'elle vit la minuscule voiture immonde de Maria, Bérényce serra les mâchoires, et ferma les yeux. Bon. Très bien. Comme disait son père « peu importe la richesse, c'est la richesse d'esprit qui compte ». Espérons que les autres élèves du lycée en diront autant !
Elle monta à contre cœur dans la voiture.
_ Tu ne veux pas monter devant ? Demanda Maria.
_ Non. Je suis mieux derrière.
Cela lui éviterait d'avoir à parler avec Maria.
La femme de ménage roulait très lentement. Elle risquait d'être vraiment en retard !
_ Excusez-moi, on ne pourrait pas aller plus vite ?
_ Désolée, mais c'est limité à cinquante. Mais ne t'inquiète pas ! Tu auras largement le temps. D'autant plus que les élèves internes sont accueillis à partir de neuf heures, mais les cours ne commencent que demain. Tu aurais pu y aller ce soir.
Mais de quoi se mêlait-elle ?!
_ Je préfère m'y prendre à l'avance, c'est plus sûr.
_ Oui, je comprends.
Maria lui sourit dans le rétroviseur.
Aussitôt après, Bérényce leva les yeux aux ciel.
_ Nous y voilà.
Bérényce regarda par la fenêtre.
_ Mais... vous me posez ici ?
Elles étaient sur le parking.
_ Euh... oui.
_ Vous ne pouvez pas me poser juste devant l'entrée ?
Maria parue embarrassée.
_ Euh... si tu veux, mais il faudra faire vite, il est interdit de se garer devant.
Comme si personne ne le faisait !
Lorsqu'elle descendit, Bérényce allait de son allure heureuse mais sûre d'elle. Un peu comme les politiciens. Mais en mieux. Elle était digne.
Certains élèves se retournèrent à son passage, mais elle garda la tête droite. Bien sûr, eux étaient habillés en jean, et en tee-shirt, mais elle, elle portait une chemise blanche et une jupe noire. Cela faisait ressortir ses cheveux roux. Elle était la seule à avoir de tels cheveux. Ses parents et ses frères et sœurs étaient tous blonds. En quelque sorte, elle se différenciait des autres, car mis à part ses cheveux, elle devait s'habiller comme ses sœurs, de la même façon, tous ses frères s'habillaient à l'identique.
Elle arriva à l'accueil.
_ Bonjour.
La secrétaire ne parut pas l'entendre.
_ Bonjour ! Répéta-t-elle plus fort.
La secrétait leva les yeux.
_ Oh, bonjour !Tu es interne ?
_ Oui. Je m'appelle Bérényce...
_ Oh ! Oui.
La secrétaire lui sourit.
_ Je n'ai pas besoin de ton nom de famille, il n'y en a pas beaucoup des Bérényce, ici !
Hilarant...
_ Alors...
La secrétaire mit ses lunettes et lu une liste.
_ Tu est donc au quatrième étage, celui des chambres, dans la numéro seize, avec mademoiselle Nowait.
Bérényce ouvrit de grands yeux.
_ Pardon ?
_ Avec mademoiselle Nowait, répéta la secrétaire. Vous allez bien vous entendre avec des noms aussi peu communs !
La secrétaire rit. Bérényce monta directement.
« Des noms aussi peu communs » ? Comment pouvait-on comparer son nom, celui d'une grande figure du théâtre, avec un nom complètement stupide, sortit de nul part ?!
Quelqu'un la bouscula dans le couloir.
« Ne dis surtout pas pardon ! » pensa-t-elle.
Elle arriva devant la porte de sa chambre, qu'elle ouvrit immédiatement.
_ Hé ! Fit une fille, à l'intérieur.
Elle était en peignoir, en train de se brosser les dents.
_ Tu pourrais frapper, avant d'entrer !
« Et toi tu pourrais t'habiller ! ».
_ Nowait, c'est ça ? Demanda Bérényce.
_ Prononces-le « Noway ». On ne dit pas le « t ».
_ Alors pourquoi l'écrire ?
La fille s'assit sur un lit.
_ Et toi, c'est quoi ton nom ?
_ Bérényce.
Nowait marqua une pause.
_ ... Non ! Sérieux ?! Tu t'appelles vraiment comme ça ?!
Elle se laissa tomber sur le dos, et commença à rire.
_ Bérényce ! Ahah ! Bérényce ! Mais c'est quoi ce nom ?!
Bérényce posa sa valise violemment.
_ C'est mon nom. Et aussi celui d'une héroïne dans une pièce de théâtre, extrêmement connue. Si tu avait un minimum de culture !
_ Ouais, c'est ça !
_ Et puis tu vas vite enlever tes affaires de mon lit !
_ Ton lit ?! Et si c'était celui que je voulais ?
_ Tu es déjà assise sur l'un, j'ai quand même le droit de posséder l'autre !
Nowait haussa les sourcils.
_ Oulaaaaaa... alors écoutes, ma vielle, je ne vais pas te laisser tout diriger dans cette chambre, c'est comprit ? Ici, tout ce qui t'appartient de diriger, c'est tes fesses, ok ?
Bérényce était quelqu'un de pacifique, pourtant... la guerre avait été déclarée. C'était sa chambre, et elle avait le droit d'en faire ce qu'elle en voulait.
You are reading the story above: TeenFic.Net