Vendredi 26 Janvier
A 15h20

     C'est sans attendre que je rejoins mes trois amis de la salle 122 à l'entrée du sous-terrain. Je sors ma lampe, l'allume et on ouvre la porte. On s'engouffre lentement dans le couloir sombre et c'est une question d'Alice qui me tire de mes pensées:

_ Comment as-tu découvert ça?

_ Quand on cherche à échapper à quelqu'un, rien de mieux qu'une balade aux sous-terrains. 

     Je leur souris, m'arrêtant devant la lourde porte de fer gravée de lettres d'or. Ils sont surpris et on constate que l'inscription n'est pas dans une langue vivante. C'est du latin.

     Je passe la main dessus en l'éclairant et c'est la voix de Benoît que j'entends derrière moi. Il traduit la phrase et la porte s'ouvre mystérieusement:

_ Tu m'étonneras toujours. Lui dis-je en souriant.

     On entre tous les quatre et ils me suivent. Je ferme les yeux et je reste surprise d'entendre qu'une âme erre dans ce lieu oublier du bahut. Je lâche un sourire, lui présente ma main droite en la sentant devant moi et lui dis d'un air calme:

_ Sache que je ne suis pas ton ennemie. Je ne te veux aucun mal, tu peux me croire.

_ Et eux? Me demande l'âme d'une voix craintive.

_ Eux non plus, tu n'as aucun soucis à te faire, crois-moi. Je ne te connais pas personnellement mais je sais que tu es ici depuis plus de cent ans, maintenant. Je m'appelle Hana, je suis en L1.

     Mes trois amis sont sans voix quand elle se rend visible et qu'elle m'enlace en pleurant. Elle est peut être une âme mais n'en demeure pas moins humaine.

     Quelques minutes plus tard, elle est calmée, ses larmes séchées et elle me sourit en me disant qu'elle s'appelle Maria mais son sourire disparaît quand elle me dit que c'est de sa faute si autant de personnes meurent chaque années. Je suis surprise mais lui dis néanmoins d'une voix calme:

_ Je cherche le moyen d'éviter la prolongation de ce malheur.

_ Il n'y en a aucun à part ton suicide. Et encore, ça reste incertain.

     On reste surpris face à cette vérité et mes trois amis n'osent pas respirer. Le silence est pesant et étouffant. Je me reprends cinq minutes plus tard et lui demande si elle peut sortir de cet endroit. Elle me répond de façon négative, se volatilise en me remerciant et je souris en constatant qu'il ne me reste qu'une chose à faire. J'ai pas d'autre choix pour sauver tout le monde.

     Je remonte pour aller à ma salle et y trouve Roxane devant la porte. Je la fais entrer, ferme la porte, m'installe à mon bureau et lui demande ce qu'il se passe. Elle me répond, à moitié en larmes:

_ Alexis nous a quitter il y a cinq minutes. J'étais avec lui.

_ Je vois. Merci de m'avoir prévenu. Lui dis-je en barrant le nom sur la liste.

_ Pourquoi tu restes froide et distante à ce point? Pourquoi est-ce que tu n'es pas atteinte autant que nous?

_ Disons que j'ai l'esprit ailleurs. Je sais comment faire pour tous vous sauver mais c'est pas garantit que ça fonctionne. Je tiens pas à prendre de risques.

     Je l'ai surprise mais elle ne reste pas plus longtemps dans ma salle et rejoint le reste de la classe qui l'attendait sur la galerie il y a quelques secondes.

     Je pousse un profond soupir, Christian entre dans ma salle, me donnant un chocolat chaud et il s'installe face à moi. C'est une surprise quand il me dit d'un air des plus sérieux:

_ Je sais à quoi tu penses, jeune-fille. Je t'interdis de le faire, est-ce que c'est compris, Hana?

     Je lâche ma tasse qui tombe au sol et qui se brise, répandant le liquide sur le parquet. Un violent mal de tête me prends de court et je me tiens à mon bureau pour éviter de tomber.

     Mon ami est inquiet, je tente de le rassurer mais je remarque bien vite que je ne tiens plus debout. C'est en essayant de comprendre ce qu'il vient de se passer que je sombre dans l'inconscience.