trente

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MAISON GRIEZMANN

OMNISCIENT

31 JUILLET 2017




—  Aller papa, on va voir maman !



L'enfant âgé de bientôt trois ans était impatient de se rendre à l'hôpital pour voir sa mère. Malheureusement, il ne comprenait pas la situation. Victoire était toujours plongée dans un long coma et le diagnostic des médecins n'avaient pas changé, au contraire. Plus les jours passaient, moins ils étaient optimistes.

     Antoine essayait de cacher du mieux qu'il pouvait le mal qu'il ressentait en entendant les paroles de son fils. Il ne souhaitait pas voir Nolan triste, malheureusement, il savait qu'il le serait en voyant sa mère inconsciente et branchée à des machines qui la maintenaient entre la vie et la mort.

     Carolina avait repris le travail aujourd'hui même alors elle n'allait pas pouvoir se rendre à l'hôpital avec les deux garçons. Le châtain et elle avaient longuement discuté pour savoir si oui ou non, il fallait emmener Nolan voir Victoire. Le numéro sept ne savait que faire. Mais après maintes discussions, il avait pris une décision et il espérait que ce soit la bonne.





Viens mettre tes chaussures, Nolan.





Le petit garçon ne se fit pas prier et prit ses chaussures dans ses mains pour rejoindre son père afin qu'il les lui mette correctement. Une fois cela fait, ils quittèrent la maison et montèrent dans la voiture pour se rendre à l'hôpital. Nolan posait une multitude de questions au châtain qui ne savait quoi répondre.

     Arrivés sur le parking, ils rejoignirent directement la chambre de Victoire sans passer par l'accueil, connaissant désormais le chemin. Antoine vit directement au loin Xavier, le fiancé de Victoire, ainsi que les parents de cette dernière. L'enfant se jeta aux pieds de son grand-père avec qui il entretenait une relation fusionnelle depuis qu'ils se connaissaient. Le footballeur salua les parents de son ex-compagne. Malgré les différends qu'il avait eu avec la mère de son fils, il avait toujours apprécié ses anciens beaux-parents. Ils avaient toujours été compréhensifs avec le sportif et ce dernier les remerciait pour cela.





Il y a du nouveau ?

Les médecins sont passés ce matin. Le numéro sept en attendait plus de la part de Xavier. Il ne reste plus beaucoup de temps. Deux ou trois jours tout au plus.





Au moins, les choses étaient claires. Victoire n'allait pas s'en sortir. Il faudrait un miracle pour qu'elle se réveille ou qu'elle montre des signes de vie. Malheureusement, jusqu'à aujourd'hui, il n'y en avait eu aucun ce qui diminuait les espoirs des proches de la victime.





On peut entrer ? Antoine s'était baissé au niveau de son fils.

Tu sais, tu vas voir ta maman allongée dans un lit qui dort profondément. Elle ne va pas se réveiller même si tu la touches, mais tu peux lui parler si tu veux.

Mais elle se réveillera bientôt.

Nolan, on te l'a déjà expliqué avec Carolina. Ta maman va rejoindre oncle Chris, tenta-t-il de lui réexpliquer. Elle va monter au ciel avec les étoiles.

Alors je la reverrai plus jamais comme oncle Chris ?

Plus jamais.

C'est pas juste.

Je sais, mais on ne peut rien y faire. L'enfant affichait une mine boudeuse. Tu veux toujours aller la voir ?





Nolan hocha positivement la tête. Le jeune père souffla intérieurement, priant pour que tout se passe bien. Il entra dans la chambre de la victime avec son fils qui lui tenait la main. Ce dernier regardait le corps étendu de sa mère sur le lit blanc, relié à des machines





Mais si je lui parle, elle ne va pas m'entendre.

Peut-être que si. Tu peux toujours essayer.





L'enfant avait levé les épaules avant de lâcher la main de son père. Il s'était rapproché du lit où se trouvait sa génitrice plongée dans un profond sommeil.





Papa m'a dit que tu allais rejoindre oncle Chris. Je suis triste, parce que je vois plus oncle Chris, alors se sera pareil avec toi. C'est pas juste. Il resta silencieux quelques secondes avant de reprendre. Je t'ai fait un dessin ! C'est toi, Xavier, papy, mamie et moi. C'est quand on a été au lac la dernière fois.





Il déposa la feuille colorée sur la table qui trônait à côté du lit. Antoine demanda à son fils de sortir deux minutes le temps qu'il reste avec Victoire pour parler. L'enfant ne broncha pas et rejoignit les autres dans le couloir. L'attaquant madrilène s'approcha du lit et regarda le visage de Victoire.





Tu ne peux pas quitter ce monde Victoire. Tu as peut-être été une belle garce, mais tu peux pas mourir alors que tu es entrée dans la vie de Nolan. Tu ne peux pas disparaître de sa vie, puis réapparaître pour ensuite disparaître à tout jamais. Ça ne marche pas comme ça. Je te hais toujours, rêve pas, mais réveille-toi merde. Ne fais pas ça à Nolan. Je t'en pris, ne le blesse pas.





Il n'ajouta rien de plus et quitta la chambre en jetant un dernier regard à son premier amour. Finalement, il quitta l'hôpital avec son fils et les parents de Victoire pour se rendre dans un café afin de discuter un peu. Il avait rarement parlé avec les parents de son ex depuis que celle-ci était réapparue. Installés à une place dans un petit café de la capitale espagnole, ils avaient commandé et avaient attendu d'avoir leur commande avant de discuter pleinement.





On a une question à te poser Antoine, commença le père de Victoire. On sait très bien que c'est terminé pour notre fille même si on espère un miracle pour qu'elle s'en sorte. Si Victoire décède, est-ce que tu voudras bien que l'on continue de voir Nolan ?





L'homme âgé de la cinquantaine était légèrement mal à l'aise de poser cette question. Il ne souhaitait en aucun que sa fille meurt, mais il savait pertinemment qu'il fallait qu'il se fasse à l'idée qu'elle allait quitter ce monde.





Il n'y a pas de soucis. Je ne peux pas vous enlever ça. Et puis, vous n'avez jamais rien fait de mal, ce n'est pas vous qui avez eu des torts.

Merci beaucoup, la remercia la mère de la victime. Comment tu vas toi sinon ? Tu arrives à gérer Nolan ?

Je fais comme je peux, avoua-t-il. Il pose des tas de questions et je ne sais pas toujours comment y répondre alors ma compagne m'aide.

Carolina, c'est ça ? Il hocha positivement la tête. Elle a l'air d'être quelqu'un de bien.

Elle l'est, vraiment.

Je suis heureuse que tu aies rencontré quelqu'un de bienveillant et qui t'aide avec Nolan.





L'homme âgé de vingt-six ans approuvait totalement les propos de la mère de Victoire. Carolina était vraiment quelqu'un de bien et il savait qu'il avait énormément de chance de l'avoir dans sa vie. Sans elle, il aurait fait des tas d'erreurs, que ce soit lorsque Victoire avait demandé la garde exclusive de Nolan, mais aussi pour des tas d'autres raisons. Elle arrivait à le raisonner et à l'empêcher de faire n'importe quoi. Il n'avait aucun doute sur les sentiments qu'ils éprouvaient l'un envers l'autre. Il savait qu'elle l'aimait et lui, il l'aimait d'un amour grandissant. Il ne savait comment il pourrait faire si un jour, ils devaient mettre fin à leur relation pour X raison. Carolina était beaucoup trop importante pour lui. Il savait que c'était elle et pas une autre. Il la voulait elle et personne d'autre. C'était avec elle qui voulait avoir des enfants, se marier et vieillir à ses côtés. Pas une seule seconde, il éprouvait des regrets d'avoir suivi son frère et ses coéquipiers dans cette boite de nuit.








CABINET

CAROLINA PEREZ

4 AOUT 2017



    Passer une semaine à ne pas se lever tôt, à rester chez-soi et ensuite reprendre le travail, c'est compliqué. Je suis déjà morte alors que je viens tout juste de reprendre le travail. Je me laisse tomber sur la chaise derrière le bureau qui est libre et souffle en laissant tomber ma tête en arrière. Je suis épuisée.





C'est dur de reprendre le taf hein.

Je pensais pas que ce serait à ce point.

Ça ira mieux la semaine prochaine lorsque tu auras repris le rythme.

J'espère bien sinon je vais pas faire long feu.

Ouais, enfin dans tous les cas ta journée n'est pas terminée et tu as ton dernier patient qui est déjà installé dans la salle.

Je vais mourir.

Profite bien de le mater, parce qu'il est pas moche du tout.

Mady !

Quoi ? Faut bien dire la vérité.





Je lève les yeux au ciel et me lève de la chaise. J'ai hâte de sortir du cabinet et de rentrer à la maison pour dormir. Je vais jusqu'à la salle où mon dernier patient de la journée se trouve et entre. Un homme âgé à peine de la trentaine, je pense, me fait face. Je le salue et regarde rapidement son dossier pour savoir la raison de sa venue.





Enlève tes chaussures et tes chaussettes et monte sur la machine, lui indiquais-je en montrant ce dont je lui parlais. Tu noterais le niveau de douleur de ta cheville à combien sur une échelle de dix.

Là, je dirais six.

C'est pire des fois ?

Oui, quand je reste trop longtemps debout.





Je hoche simplement la tête et repose son dossier avant de me diriger vers lui. Il monte sur la machine que je lui ai indiquée précédemment et je la mets en route en la réglant. Je reste aux alentours pour vérifier que ça ne lui fait pas trop mal et que tout se passe correctement.

     Je suis en train de remplir quelque chose sur le dossier du patient lorsque je sens mon téléphone vibrer dans ma poche. Etant au travail, je ne réponds pas. Malgré ça, la personne qui tente de me joindre n'arrête pas de me rappeler. Je sors rapidement mon téléphone pour voir plusieurs appels manqués d'Antoine. Ce n'est pas son genre de m'appeler lorsque je suis au travail, et encore moins de forcer. Il doit se passer quelque chose. Ayant un message sur ma messagerie, je l'écoute et comprends tout de suite. 

     Je m'excuse auprès de mon patient et sors de la pièce pour aller trouver ma collègue qui travaille en même temps que moi.





Mady, faut que je parte.

Il te reste encore une demi-heure.

Je le sais, mais c'est terminé.

Tu parles de qui je pense ? Je hoche positivement la tête. File, je m'occupe de monsieur beau gosse.

Merci, je te revaudrais ça !





Je troque mon t-shirt du cabinet contre le mien et récupère mes affaires dans l'arrière-salle. Je quitte immédiatement le cabinet pour rentrer à la maison. Je dépasse certainement la vitesse autorisée à certains moments, mais la seule chose que je souhaite est d'arriver le plus rapidement possible.

     Je me gare et descends de la voiture sans prendre mon sac. Je rejoins l'intérieur de la grande demeure et cherche Antoine dans la maison. Je monte à l'étage après l'avoir cherché partout au rez-de-chaussée, en vain. Je le trouve finalement dans la chambre de Nolan qui fait sa sieste. Je chuchote son prénom afin de ne pas réveiller l'enfant. M'ayant entendu, le châtain sort de la chambre et ferme la porte.





C'est vraiment terminé ?

C'est arrivé en début d'après-midi.

Putain... Comment vont Xavier et les parents ?

A ton avis ? Ils étaient préparés à ce que ça arrive, mais ça fait toujours un choc.

Tu n'as rien dit à Nolan ?

Non, je compte le faire ce soir. Je veux pas attendre trop longtemps, il le prendrait mal.

C'est encore un enfant.





Je souffle, passant ma main dans mes cheveux. Nolan est encore un gamin, un enfant qui ne va pas pouvoir grandir avec sa mère. C'est l'une des pires choses qui puisse arriver. Vivre, évoluer, grandir, sans un parent est une chose horrible. Malgré le fait qu'il reste toujours le père ou la mère, il manque une personne, une figure masculine ou féminine afin d'avoir des repères.

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