MAISON GRIEZMANN

ANTOINE GRIEZMANN

2 OCTOBRE 2016

Je ne pouvais décidément pas passer une meilleure journée que maintenant. Voir Nolan et Carolina aussi proches est ce que j'espérais le plus en me lançant dans une relation avec la brune. Enfin, que ça marche aussi entre nous, mais je sais que si ça ne se passait pas bien avec Nolan, j'aurais mis fin à notre relation. Je veux que le bonheur de mon fils et si je dois me séparer de Carolina pour ça, j'hésiterai pas. Si Nolan est heureux alors je le suis aussi. Enfin, heureusement, ils s'entendent tous les deux et j'adore les voir ensemble.

— Au  lieu de nous regarder, viens avec nous.

Je ne peux pas refuser une telle proposition. Je les rejoins sur l'herbe et m'assois à côté de Nolan qui essaye de faire un puzzle avec de grandes pièces. Être là, tous les trois, j'ai l'impression que ça a toujours été comme ça. C'est étrange puisqu'en réalité, je connais pas Carolina depuis si longtemps, seulement depuis juillet. Tout a été très vite entre nous, j'en ai parfaitement confiance et d'un côté ça me fait légèrement peur parce que je me dis qu'on se connaît peut-être finalement pas assez bien, mais d'un autre, si ça été si vite, peut-être c'était parce qu'il n'y avait pas à douter de quoi que ce soit. Les choses se sont faites naturellement entre nous, on a rien précipité et je me dis qu'au final, ce n'est pas si grave que ça ait été rapidement.

     Après avoir terminé son puzzle, je monte Nolan dans sa chambre pour qu'il aille à la sieste. Il ronchonne, mais finit par se mettre dans son lit, son doudou dans les mains, un de ses pouces dans la bouche. Il le suce encore lorsqu'il va dormir, mais il le fait de moins en moins souvent. J'active le baby-phone et retourne à l'extérieur. 

     Carolina a rangé le puzzle dans la boite qu'elle a posé sur la table sur la terrasse. Elle est maintenant dans le hamac, son téléphone entre les mains. Je la rejoins et la prends par la taille pour m'installer à ses côtés. Elle pose finalement sa tête sur mon épaule.

— Qu'est-ce que tu fais ?

— Je réponds à Lukas.

— Ton frère, c'est ça ? Elle hoche positivement la tête. Ça va mieux entre vous ?

— Oui, enfin, c'est toujours délicat, mais c'est mieux qu'il y a quelques semaines.

— Ne lui en veux pas trop.

— Je ne lui en veux pas vraiment, tu sais. C'est juste qu'il savait comment j'allais réagir en voyant ma sœur. Je sais qu'il voulait bien faire.

Vous avez déjà eu l'impression de connaître quelqu'un par cœur ? Chaque parole, chaque geste et action sont comme prédits. C'est comme lorsqu'on a regardé tellement de fois un film qu'au final, on connaît toutes les répliques par cœur. Ça n'a plus de secrets. Et j'ai l'impression que c'est le cas avec Carolina.

— A quoi tu penses ?

Je cligne des yeux et secoue un peu la tête en entendant la voix de la brune. Elle est là en train de me regarder avec ses petits yeux, son air innocent sur le visage. Je tombe un peu plus sous son charme chaque jour qui passe, ça peut paraître digne d'une réplique d'un scénario à l'eau de rose, mais certaine fois, ça l'est.

— A toi.

— J'en ai de la chance dis donc.

— T'imagines pas à quel point.

— Ne commences pas avec tes airs narcissiques, ça ne te va pas.

— On sait tous les deux qu'avec ou sans mes airs narcissiques, je suis très bien.

— Ça reste à voir tout ça...

— Tu me cherches là, pas vrai ? Demandais-je arquant un sourcil tandis qu'elle se marre. Ouais, tu me cherches.

Je fais en sorte de me retrouver à moitié sur elle pour laisser mes doigts attaquer ses hanches. Elle se tortille dans tous les sens, riant aux éclats. Elle me demande d'arrêter ma petite torture, en vain.

— Antoine, on va casser le hamac, arrive-t-elle à dire.

— Ça sert à rien de chercher des excu... Aïe putain.

Je crois que j'ai parlé trop vite. Madame m'a poussé, me donnant un grand coup au niveau de l'épaule me déséquilibrant et je me retrouve maintenant à même le sol, ma main dans le bas de mon dos.

— Oups ?

— Vas-y, marre-toi bien.

— Tes fesses n'ont pas amorti la chute ?

— J'ai pas de grosses fesses que ce soit clair.

— T'as pas le derrière de Kim Kardashian, mais t'es pas loin non plus hein...

— Je vais te faire manger le sol, je te jure.

Le pire, c'est que ça l'a fait rire. Non, mais je suis pas respecté et mes fesses n'ont plus. Qu'on soit d'accord, elles sont pas grosses. Comparé à celles de la Kardashian. « J'aurais pu me blesser, mais tu t'en fiches. » Elle pouffe et se lève du hamac tandis que je suis toujours au sol. Elle se place devant moi et me donne ses deux mains. Je vais lui faire manger le sol. Je lui donne les miennes pour qu'elle me relève, mais même pas deux secondes plus tard, je suis à nouveau au sol.

— Oups, j'ai lâché, j'ai pas fait exprès.

— Joue pas à la conne, Perez.

— Je joue à rien, moi, tu me connais.

— Vas-y, aide-moi vraiment à me relever.

Elle secoue la tête, levant un peu les yeux. C'est à mon tour de lui donner mes mains pour qu'elle me relève. Elle les prend et tire. Manque de bol, je la tire vers moi et elle tombe au sol, à plein le ventre, son nez dans mes cheveux. Je l'entends jurer, puis elle me frappe l'épaule et le torse comme elle peut. Ne parlons pas de sa force qui est ridicule.

— T'es qu'un petit con.

Je me roule sur le côté et me place au-dessus d'elle.

— Je suis quoi ?

— Un petit con.

Je fais ressortir ma lèvre inférieure et arrache une poignée d'herbe à côté de nous en essayant d'être le plus discret que possible. « Je suis plutôt un gros con. » Je lui lance les brindilles en plein le visage. Elle se met à toucher puis à faire des bruits avec sa bouche. Je me décale et m'assois tandis qu'elle fait de même en essayant d'enlever l'herbe qu'elle a.

— J'en ai même dans la bouche, couillon.

— T'avais qu'à pas me chercher.

— C'est ça, ouais.

Je me lève et lui tends mes mains pour l'aider à se relever. Promis, je lui ferais rien ce coup-ci. En revanche, elle ne les prend pas. Tant pis pour elle, j'essayais d'être gentil. Je tourne les talons, mais j'ai à peine fait deux pas que je sens un poids s'abattre sur mon dos.

— T'es chiante quand tu t'y mets, tu le sais ?

— Mais tu m'aimes comme ça, non ?

— M'ouais.

— M'ouais quoi ?

— Je t'aime.

— C'est vrai ça ?

— Faut croire.

Elle descend de mon dos d'elle-même, mais je ne l'entends pas me suivre. Je me retourne et la vois toujours au même endroit où elle est descendue.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— Tu m'aimes ?

— C'est ça le problème alors ? Je me rapproche pour être à sa hauteur.

— C'est pas un problème, c'est juste que... C'est bizarre.

— Et en quoi c'est bizarre ?

— Je sais pas, c'est juste que je m'y attendais pas.

— Je t'aime, Carolina Perez même si notre relation est tumultueuse et rapide, je t'aime.

— Je voudrais te le dire, mais...

— Mais tu n'es pas prête et ce n'est pas grave, je la coupe. Si je dois attendre un, trois, six mois, et même un an, alors ce n'est pas grave.

— Merci.

Elle se penche vers moi et vient poser ses lèvres sur les miennes. Ça n'a strictement rien de brutal, c'est simplement passionné. Oui, je suis fou d'elle malgré toutes les choses qui puissent se mettre en travers de notre relation.

APPARTEMENT PEREZ

OMNISCIENT

2 OCTOBRE 2016

La jeune femme se trouvait en compagnie d'Elena et Nikolas. Ce dernier était venu pour la soirée afin de dîner avec les deux Espagnoles. Assis dans le canapé, Carolina et son demi-frère écoutaient Elena qui était dans la cuisine et qui leur racontait ce qui s'était passé durant sa journée à la fac. Elle revenu avec deux bols de chips.

— Je vous jure, il s'est placé devant la fille, il a commencé à la draguer et tout. Et il a continué en même temps de monter les marches de l'amphi sauf qu'il en a loupé une. Il s'est ramassé, c'était à mourir de rire ! Y'avait la blinde de monde d'arrivés en plus, la honte totale.

— Faut pas se moquer des gens qui tombent, El'.

— Tu dis ça parce que tu t'es ramassé en pleine rue l'autre jour, remarqua Carolina à l'intention de Nikolas.

— Mais t'as vu comment le gars il avait tendu sa jambe ? C'est tombé sur moi, mais ça aurait pu être n'importe qui d'autre.

— Comment tu te cherches des excuses, frangin.

Les deux femmes se moquaient du seul homme présent dans l'appartement, le charriant. Installés devant la télévision qui leur servait de bruit de fond, ils discutaient tout en attendant les pizzas qui devaient arriver. Vingt minutes plus tard, la sonnette retentit dans tout le logement. Elena se leva et alla ouvrir, attrapant au passage un billet pour payer. Téléphone dans la main, Carolina faisait un tour sur les réseaux sociaux. Elle aima quelques photos Instagram, faisant défiler les publications dans son fil d'actualité. Elle s'arrêta d'un coup en voyant une nouvelle publication de la part de son compagnon. La photo avait été postée il y a une trentaine de minutes. On pouvait voir Carolina assise sur un tabouret devant un piano et Nolan sur elle, grand sourire aux lèvres tout comme la jeune femme. Ils avaient l'air heureux.

La brunette esquissa un sourire en voyant la publication. Elle aima la photographie, mais ne commenta rien du tout afin que sa récente relation avec le joueur ne soit pas rendue publique. En revanche, elle envoya en privé la publication au numéro sept avec un petit commentaire. « Avoue, t'es jaloux de notre charme. » Elle verrouilla son téléphone qu'elle posa sur l'accoudoir du canapé tandis qu'Elena revenait avec deux pizzas.

— C'est bien le weekend prochain qu'on fête l'anniversaire d'Adam chez les parents ? Demanda Nikolas.

— Oui, dimanche midi.

— Attendez, c'est ce weekend ? Dans huit jours ?

— Oui, le neuf.

— Putain, j'avais totalement zappé.

— Et après on dit que j'ai pas de mémoire hein ?

— Oh la ferme toi.

— Elle est vexée, pauvre petite, se moqua-t-il.

Carolina leva les yeux au ciel, un petit sourire au visage. C'était souvent comme ça entre elle et Nikolas. Ils se cherchaient, étaient comme chien et chat, mais ils s'adoraient. Le jeune homme ébouriffa les cheveux de la brune qui râla à nouveau contre lui.

— Au lieu de faire chier ton monde, coupe nous des parts de pizza.

— Tu me le diras pas deux fois.