Os 41 : Bus - Terraink

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Juste au dessus se trouve la vidéo d'où provient l'histoire de Damien.

Posé contre le poteau de l'arrêt de bus, Damien attendait. Un coup d'oeil rapide à sa montre confirma ce qu'il savait déjà : le bus pour se rendre à son lycée avait plus de dix minutes de retard. Il se mordit la lèvre inférieure, angoissé. S'il était encore en retard, il allait être collé. Bien que ses parents étaient souples, avoir raté son brevet les avaient pas mal tendus. Il redoutait leurs réactions s'il avait à nouveau une colle.

Un klaxon. Le grand adolescent releva les yeux. Enfin, son bus était là. Vite, il y monta, souriant presque de soulagement. Il chercha une place double libre et en trouva une facilement, le transport étant peu rempli. Sa tête posée contre la fenêtre, il laissait son esprit voguer, profitant de chaque seconde avant d'arriver à son établissement scolaire. Les seules choses qui le réveillaient de sa torpeur étaient les pauses du chauffeur à chaque arrêt, son crâne rebondissant contre la vitre. Rien que pour cela, il haïssait le bus.

Au bout d'une dizaine de minutes, des voix fortes se mirent à raisonner. Trois adolescentes, toutes habillés avec des habits aux couleurs flashies et au maquillage bien trop important pour leur jeune âge, montèrent dans le bus. Damien grinça des dents, leurs voix aigres lui faisaient déjà mal aux oreilles. Les trois filles s'asseyant au fond de bus, l'adolescent se prépara à retomber dans ses pensées mais en fut incapable. En effet, il entendit, malgré lui, le sujet de conversation derrière. Les personnes qu'ils traitent de pimbêches dans sa tête s'activaient à critiquer ouvertement chaque personne dans le bus :

« Celui là doit rouler pour rentrer chez lui »
« Son nez à elle doit lui permettre de toquer aux portes »
« Matte l'intello tout devant, il ne doit même pas savoir ce que cest qu'un sein »
« Le geekos à droite au contraire à l'air d'être le roi des magazines cochons »

Les poings de Damien se serrèrent. Non seulement leurs dires nétaient basés que sur l'apparence, mais en plus, personne n'osait rien dire. Il regarda rapidement autour de lui et constata que les jeunes hommes présents auraient pu pourtant leur faire faire Paris – New York en un battement de cil. Mais aucun ne prenaient la peine de les remettre à leur place.

Après plusieurs minutes, ce que Damien redoutait arriva, celle qui lui semblait la plus féroce du trio s'en pris à lui :

- Et l'autre, avec ses dents, il raye le parquet.

Les joues de Damien rougirent et son sang ne fit q'un tour. Il nallait pas se laisser faire par une pétasse qui pète plus haut que son cul, pensa t-il.

Il dit, avec un ton agressif et encore plus fort que celui employé par la jeune femme :

- Tu veux un collier la chienne ?

La fierté de sa réplique ne dura qu'un instant, car l'arrêt du trio était arrivé. Passant devant lui, elles lui hurlèrent dessus, féroces. Damien n'en menait pas large, transpirant sur son siège, se demandant s'il allait vraiment se prendre une raclée par trois adolescentes.

Une fois hors du bus, elles crachèrent tour à tour sur la vitre du coté du jeune homme. Celle qui s'en était pris à lui sortit un couteau taillée, bien plus impressionnant que tout ceux qu'avait Damien chez lui. De l'eau coula sur ses tempes quand elle agita l'arme blanche devant lui en criant, ses yeux lançant des éclairs :

- Toi demain ! Toi demain !

L'intéressé détourna le regard, agrippant les manches de sa veste, tremblant, et continua jusquà ce que le bus se remette en marche. Durant tout le trajet Damien ne put calmer sa peur, s'imaginant seul face au trio et au couteau. Ses pensées allèrent même jusqu'à inventer un groupe avec leurs copains ou grands frères, tous s'en prenant à lui. Son pouls restait trop élevé et son épiderme trop transpirante, peu importe s'il essayait de se calmer. Cette attitude continua toute la journée.

Déambulant dans les couloirs, le regard baissé, une voix lui fit relever les yeux :

- Damien ! Ca va ?

Le fils du directeur, un petit bouclé, probablement le seul élève non attardé de son établissement. Malgré tout, Damien avait du mal avec lui, n'aimant pas rester avec l'enfant de celui qui décide de son avenir scolaire.

- Oui Thomas, tout roule.

- T'es sûr ? T'es vachement pâle !

Le bouclé s'approcha de son camarade qui le dépassait de plus d'une tête et sarrêta devant lui, l'empêchant ainsi davancer.

- Y a un truc qui va pas ?

Thomas posa sa main sur l'épaule de Damien, doucement, et lui demanda :

- Tu veux que jen parle à mon père ?

D'un coup rapide, peut être un peu trop brusquement, Damien attrapa le bras de son camarade et l'écarta du sien. La dernière chose dont il avait besoin était de passer pour une victime auprès des personnes de son établissement. Il hurla :

-NON, JE VAIS BIEN, FOUS MOI LA PAIX !

La surprise, la violence du mouvement et des paroles de Damien, ou encore tout à la fois, firent tomber le jeune garçon frêle. Thomas, à présent assis par terre, regardait Damien, ébahi :

-Je te pensais pas aussi abruti.

Sur ce, il se releva, ignorant la main penaude que lui tendait l'autre homme et partit, boitant.

Le fixant, Damien se maudissa. Il n'aurait pas dû agir comme ça. Voyant la seule personne de son âge agréable avec lui, lui tourner le dos, il se jura de ne plus foutre un pied dans son établissement scolaire. Il ne risquera pas de se faire écorcher vif par les trois dingues et ne blessera plus quelqu'un, par la même occasion.

**************************************

Voilà une semaine qu'il tenait sa promesse. Il avait raconté l'histoire à ses parents qui avaient de suite compris la situation. Malgré la satisfaction de rester tranquillement chez lui, l'ennui lui pesait lourdement. Pourtant, ce jour là, un imprévu vint le tromper.

-Damien, mon chéri ! Une camarade de classe est venue t'apporter les devoirs !

L'intéressé s'enfonça dans son lit, effrayé. Il ne parlait à aucune fille de son âge. Et si sa mère avait laissé rentrer sans le savoir la jeune femme qui l'avait menacé ? Rapidement, il se leva et alla jusquà sa porte pour la verrouiller. Du moins, c'est ce quil voulut faire, mais ne fut pas assez rapide. Un individu se présenta dans l'encadrement et le fit sursauter :

-Thomas ? Qu'est ce que tu fous là ?

-Je-

-Pourquoi ma mère a dit que c'était une camarade ?

Pas fâché pour le moins du monde d'avoir été interrompu, Thomas saisit sa tignasse des mains en souriant :

-Sûrement à cause de mes cheveux et de mon corps de lâche. Maintenant je ne corrige même plus.

Damien ria et le laissa entrer, soulagé que ce ne soit que lui. Une fois tous les deux assis sur le lit, le bouclé reprit la parole :

-Ce que je disais tout à l'heure, avant que tu me coupes, c'était que j'avais appris que tétais pas là depuis une semaine. Avec ce qui s'était passé la dernière fois qu'on s'était vu, je nai pas pu m'empêcher de m'inquiéter. Alors j'ai regroupé auprès des profs tout ce qu'ils avaient donné, et je suis venu.

Il rentra sa tête sans ses épaules et se tortilla, en ajoutant, plus doucement :

- J'avais peur que tu ne veuilles pas me voir.

- Et si ça avait été le cas ?

- J'aurai donné ça à tes parents, en leur disant qu'un Thomas espère que tu seras vite près à revenir...ou un truc du genre.

Touché par l'attention désintéressée, le plus grand prit des mains ce que le bouclé portait, les posa sur son chevet, et déclara :

-Merci d'être venu. Surtout après mon comportement de con.
-Au moins, tu es honnête avec toi-même.

Les deux adolescents éclatèrent de rire, jusquà ce que le plus petit ne demande, timidement :

-Ton absence a un lien avec l'état dans lequel t'étais tantôt ?

Damien baissa les yeux et inspira longuement. Il lui devait bien la vérité après l'avoir presque agressé. Et puis, Thomas lui avait pardonné son comportement d'abruti.
Cependant, il hésita. Si la nouvelle se savait, surtout dans son lycée, il risquait de se faire traiter de "pédale " ou d'autres surnoms de ce genre. Il releva la tête et regarda le bouclé. La douceur et la gentillesse de son regard le poussèrent à lui faire confiance.

Il commença donc son récit, le fixant droit dans les yeux. Lorsqu'il évoqua l'injure de l'adolescente, il remarqua en souriant la mâchoire serrée et les joues rougies du plus petit. Au contraire, quand il raconta ce qu'il lui avait répondu pour se défendre, la paire d'œil noisette scintilla.

Arrivé au moment où les filles l'ont menacé, Damien avait perdu son caractère de conteur impassible. Ses mains tremblaient, et il les tortilla entre elles pour se détendre.

Thomas l'aperçut et d'un geste tendre prit les grandes mains dans les siennes, souriant doucement. Soulagé par la tendresse que lui donnait l'autre adolescent, le plus grand se calma et finit son récit en s'agrippant aux mains plus fines du bouclé.

- Et c'est parce que t'as peur pour ta peau que tu ne reviens pas ?

- Oui, tu vas me trouver con et me dire que c'est ridicule mais-

- Je comprends.

Agréablement surpris, Damien sourit pendant que le plus petit continuait :

- J'ai déjà vécu une situation comme ça. Des gros cons m'harcelaient au collège...même aujourd'hui, je ne sais toujours pas pourquoi. J'ai fait comme toi. Pendant un mois. Au bout d'un moment, j'avais la phobie scolaire. Figure toi qu'une rumeur comme quoi j'étais en dépression circulait pendant mon absence...et malheureusement, elle nétait pas bien loin de la réalité.

- Et qu'est ce que t'as fait après ?

- J'en ai eu marre de me cacher à cause d'eux. En restant enfermé, je m'éloignais aussi de mes amis. Finalement, quand je suis revenu, ils sont tous venus s'excuser. J'imagine qu'ils avaient dû se faire engueler par notre directeur, et pas qu'un peu. J'ai enfin eu la paix.

- ...c'est courageux ce que t'as fait...mais...je ne pourrai pas faire comme toi. Je flippe trop.

Les deux longues heures suivantes, Thomas les passa à rassurer le plus grand. Ce dernier finit même par éclater en sanglot dans ses bras pareil à un petit garçon pleurant dans les bras de sa mère.

Finalement, lorsque le soleil commençait à se coucher, le bouclé fut contraint de rentrer chez lui. Même s'il n'avait pas réussi à le motiver à revenir, il savait qu'il avait écourté la durée d'isolement chez son camarade.

- Je te laisse !

- Tu pourrais revenir me voir ? Pour m'apporter à nouveau mes devoirs...ou même sans ? Quand tu veux !

- Bien sûr ! Compte sur moi ! Allez, à plus, si je reste encore, mon père va me tuer !

Sur ce, après une brève accolade, Thomas laissa Damien à ses pensées. Ce dernier se recoucha, un grand sourire aux lèvres.

La semaine qui suivit, était bien plus agréable pour Damien. En effet, tous les deux jours, Thomas venait le voir, lui apportant les devoirs, même si sa véritable intention était juste de lui parler. Lorsqu'ils nétaient pas ensemble, ils se parlaient par message, le bouclé ayant eu le numéro du plus grand grâce à son père. Même si les téléphones à touches ne leur permettaient pas décrire grande chose, cela leur suffisait à être heureux.

Pourtant, durant le week-end qui suivit, Damien sentait de plus en plus l'isolement lui peser. Et puis, il le savait bien, il n'allait pas pouvoir éviter son établissement constamment. Comme lui avait dit le bouclé : plus il attendait, plus ce serait dur de revenir.
Après en avoir longuement discuté avec ce dernier, ainsi qu'avec ses parents, l'adolescent était prêt à revenir en cours.

**************************************

Malgré tout, le lundi qui suivit sa décision, lorsqu'il attendait son bus, il n'en menait pas large. Ses jambes tremblaient et il n'avait jamais autant mordu sa lèvre inférieure. Il pria intérieurement pour que son bus ait du retard. Pour qu'il ne passe pas. Quel ne fut pas son désespoir lorsque le transport commun arriva à son arrêt, pile à l'heure.

Il monta à lintérieur, prit la place la plus près du chauffeur qu'il trouva et s'y assit. Contrairement à la dernière fois, il ne laisser pas voguer ses pensées. Au contraire. Il sursautait dès que le bus ouvrait ses portes pour accueillir d'autres passagers. A chaque fois, son sang battant dans ses tempes, il fixait intensément chaque personne qui passait entre les sièges. Lorsqu'il comprit qu'il était arrivé à son établissement, il attendit avant de descendre, sans comprendre. Il n'avait pas croisé le trio féminin.

Marchant sur le trottoir, perplexe, il regardait de droite à gauche, nerveusement, tant et si bien que les passants le fixaient aussi, ayant l'air de se demander ce qui clochait chez lui. Après avoir franchit le portail, il s'étonna à nouveau dêtre toujours sain et sauf. Avant leur altercation, il les voyait partout, ricanant à gorge déployée. Pourquoi est-ce quil ne les avait toujours pas croisées ?

- Damien !

L'intéressé tourna la tête et vit Thomas avancer vers lui, visiblement fou de joie. Ce dernier soupira quand le plus grand détourna aussitôt le regard, ne lui répondant même pas.

- Faut que je parte avant de me faire à nouveau pousser par terre ?

Cette réflexion eut le mérite de focaliser enfin l'attention du plus grand sur le bouclé. Damien s'excusa platement :

- Pardon, je suis désolé. Je regarde juste si les filles sont dans les parages.

Dès que sa phrase fut finie, il tourna à nouveau la tête. Mécontent de ne plus voir les yeux océan, dans un ton sec, le plus petit lança :

- T'es pas prêt de les revoir.

Enfin, Damien replongea définitivement dans les orbes châtaignes :

- Elles sont en prison ??

Amusé et fier davoir réussi à capter son attention, le bouclé l'éclaira :

- Non, quand même pas ! Mais elles ont été renvoyées.

- Ah bon ? Elles ont fait une connerie pendant que jétais pas là ?

- Etonnement, aucune.

- Alors pourquoi ?

Profitant de son effet de suspens, Thomas glissa, tout fier :

- Parce que mon père est directeur.

- Tu les as fait renvoyer ?

-Oui. J'ai raconté l'histoire à mon père et j'ai, possiblement, dramatisé ton cas. Et comme il attendant une faute de leur part pour les foutre dehors-

Immensément soulagé et ivre de joie, le plus grand sauta dans ses bras, manquant à nouveau de le faire tomber. Au dernier moment, il réussit à leur faire garder l'équilibre. Ses bras toujours autour du corps frêle, il fixait les yeux bruns avec encore plus d'intensité que lorsqu'il cherchait les filles. Avec tellement d'intensité que les joues du bouclé rougirent :

-Qu'est ce que t'as à me fixer comme ça ? On dirait que tu vas m'embra-

Damien le coupa en embrassant ses lèvres, laissant déborder au maximum le bonheur qui l'envahissait. Etonné mais heureux avoir enfin réussi ce qil cherchait à faire depuis des mois, Thomas répondit avec plaisirs à l'explosion affective que l'adolescent lui donnait.

Leurs lèvres clapotant joyeusement entre elles, chacun en profitait pour palper le corps de lautre, un caressant des boucles, l'autre faisant glisser sa main sur la mâchoire imposante et peu commune. Au bout de quelques minutes, ils se séparèrent, hors d'haleine.

-Un simple merci aurait suffit Damien.

-Vu la tronche que tu tires, j'en suis pas sûr.

Le bouclé essaya de réduire son sourire mais ne pouvait s'empêcher de l'étirer jusquà ses oreilles.

- Abruti

-Ah finalement j'en suis bien un ?

- Oui. Mais tu es le mien.

Il rapprocha un peu plus son corps du sien et l'embrassa, menant cette fois ci la danse.

Autour deux, les élèves passaient en leur lançant soit des coups d'œil curieux, soit dégoutés. Mais voyant qu'il s'agissait du fils du directeur, aucun n'osa les approcher, murmurant juste « je t'avais dit que le petit était pd ». Pourtant, malgré ces adolescents là, quelques un, au contraire, souriaient en pensant « pas trop tôt ».

Damien, qui quelques minutes plus tôt tremblait de peur, se jura de ne plus se cacher, surtout s'il était aux cotés de Thomas.

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