- Enfin ! Le voilà.

Lorsque Morgane arriva devant le Castel, celle-ci fut impressionné par la taille de la demeure. Sur les photos, elle paraissait déjà bien grande, mais en vérité, elle était encore plus impressionnante.

Morgane avait parcouru toute l'Écosse pour trouver ce château. En parallèle de ses études de droit, la jeune femme a une passion très particulière : le paranormal. Depuis ses douze ans, elle mène des recherches assidus sur le sujet, quitte à passer des heures à lire des livres inutiles avant de trouver la fameuse information qu'elle cherchait. Au lycée, elle a rencontré Jared et Melanie, deux amis qui avaient fondé une organisation de chasseur de fantômes. Morgane les a rejoint et pendant un an et demi, ils ont mené des enquêtes dans les lieux hantés les plus réputés de la Grande-Bretagne. Avec leur argent de poche, ils se payaient un ticket de train et une chambre dans une petite auberge miteuse et se munissaient de leurs caméras thermiques afin d'enquêter sur les faits étranges qui se déroulent dans certains endroits.

En sortant du lycée, les trois amis ont choisi des études différentes, ils ne se voient donc plus que pendant les vacances scolaires. Un jour, Jared et Melanie ont trouvé des informations à propos du Castel, ce château terrifiant de la lande écossaise où les gens ayant enquêtés sur ces lieux en sont revenus changés...

«Changés». C'était le mot qui avait conduit Morgane jusqu'au Castel seule. Toutes ces années de recherche sur le paranormal ont fini par la dissuader de l'existence des esprits, et ce lieu était la dernière alternative pour elle de continuer à croire aux fantômes. Elle avait économisé pour se payer un billet de train jusqu'à la ville la plus proche, et avait ensuite fait appel à un taxi qui la déposa dans un village à trois kilomètres du Castel. La jeune femme fit le trajet à pied jusqu'au château, et elle y était enfin.

Peu avant son arrivée, la pluie se mit à tomber. Sa veste en cuir rouge était désormais trempé. La jeune femme lâcha un juron lorsque sa botte s'enfonça dans une flaque de boue.

- Je venais de les acheter, putain !

Elle s'avança jusqu'à l'entrée du château. C'était une immense porte comme on en faisait qu'au dix-neuvième siècle, avec un heurtoir en forme de lion. Celui-ci donna un frisson à la jeune femme qui hésita à frapper. Après tout, personne n'y vivait depuis des années. D'après ce qu'elle avait trouvé sur Internet, les derniers résidents du Castel étaient des orphelins, qui avaient tous été assassinés. Seuls deux s'étaient enfuis, mais leurs corps avaient été retrouvés gisant dans la boue, se tenant la main, comme s'ils étaient inséparables même après le trépas.

En y réfléchissant, elle se dit que si les esprits de ce château étaient toujours là, mieux valait les prévenir de sa présence. Elle frappa trois grands coups avec le heurtoir. Le troisième coup résonna dans toute la porte, comme une sorte de grognement.

Morgane recula légèrement, de peur que quelqu'un ouvre effectivement la porte pour lui dire : «Bienvenue au Castel, le château des morts ! Je vous en prie, entrez.».

Personne ne répondit, bien entendu. La jeune femme saisit la poignée de la porte et l'ouvrit. Ce qu'elle vit la surpris énormément.

Pour un château abandonné depuis plus de soixante-dix ans, c'était un lieu extrêmement bien entretenu. Seule la poussière régnait dans le hall d'entrée, mais il n'y avait aucun meuble détérioré, ni aucun mur abîmé. La campagne écossaise devait être un lieu parfait pour conserver en bon état des lieux pareils.

Le silence régnait dans ce lieu. Morgane en eut la chair de poule. En y réfléchissant, elle se demanda si elle n'aurait pas dû proposer à Jared et Melanie de venir avec elle...

Morgane traversa le grand hall d'entrée et décida de monter à l'étage en premier lieu. Elle sortit son magnétophone de sa poche et l'alluma. Elle se mit à parler lentement et distinctement :

- Bonjour à tous, ici Morgane, du Blog de Morgy, aujourd'hui je suis au Castel, un immense château abandonné au milieu de la campagne écossaise. Cet endroit a été construit dans les années 1800 par un homme riche de l'époque nommé Arthur Peters.

Morgane entra dans la première chambre, où le numéro un était noté au-dessus de l'entrée. La jeune femme en déduit que c'était un reste du Castel quand il était encore un hôtel. La chambre était assez grande, et il y avait un lit superposé au fond à gauche. À côté de ses deux lits se tenait une armoire que Morgane ouvrit. Dans cette armoire, il y avait deux grandes valises, avec chacune une étiquette avec un nom noté dessus : Lucy pour la première, Jade pour la deuxième.

- Je suis dans ce qui semble être la chambre des deux jeunes filles ayant été tué en novembre 1940. Jeanne a été étouffé dans son sommeil, tandis que Lucy a été poignardé à l'abdomen. Sans doute avait-elle tenté de s'enfuir pour échapper à son agresseur. En tout cas, Jeanne n'a pas réussi à...

Soudain, Morgane eut affreusement froid. Elle se frotta les bras avant de continuer :

- Je viens de ressentir beaucoup de froid. D'après certains médiums, cela voudrait dire que des esprits vivent dans ce lieu.

Morgane eut la boule au ventre rien que d'y penser. Le fait qu'un fantôme se trouverait vraiment dans le Castel la terrorisait, même si elle était venu pour voir ça. Elle sortit de la chambre et se dirigea vers un grand couloir toujours à l'étage. Elle atteignit la chambre quinze, là où un riche homme d'affaires anglais avait passé une nuit alors que le Castel était encore un hôtel. C'était en 1903, très précisément. Les témoins l'ont vu sortir de sa chambre en courant avant de trébucher dans les escaliers et de se fracturer le crâne. Personne ne sait ce qui l'a poussé à fuir.

Morgane entra non sans prudence dans la chambre quinze. Elle était plus petite que la numéro une, mais plus orné. Il y avait un immense miroir avec un petit bureau et une chaise en bois juste devant. Ce meuble, contrairement au reste de la maison, était très abîmé. Morgane en déduit qu'il datait de la première époque où le Castel avait reçu des personnes vivantes entre ses murs.

- Je viens d'entrer dans ce qui semble être l'ancienne chambre d'Edgar Arthur Peters, le petit garçon ayant perdu un œil un soir d'octobre. Beaucoup de personnes pensent que c'est sa nourrice qui l'a poignardé car, depuis ce jour, personne n'a plus entendu parler d'elle.

Morgane s'assit sur la chaise et se regarda longuement dans le miroir. Sa grande phobie était que quelqu'un apparaisse dans l'ouverture de la porte. Elle fixait donc ce point du miroir, veillant à ce que personne n'entre. Soudain, elle sentit encore une sensation de froid autour d'elle. Elle ne fit pas attention jusqu'à ce qu'elle entende une petite voix de garçon demander :

- Qui es-tu ?

Morgane se leva d'un bond et regarda partout dans la chambre. Il n'y avait personne. Pourtant, elle était persuadée d'avoir entendu la voix d'un petit garçon lui demander qui elle était. Prise de panique, Morgane quitta la chambre d'un pas décidé en direction du rez-de-chaussée.

En arrivant en bas, la jeune femme décida de se diriger vers la salle de jeux. C'était une grande salle, avec une immense bibliothèque où un bon nombre de livres s'y trouvait. C'était la pièce la plus colorée du château. Morgane réfléchit et se dit qu'elle n'avait toujours pas pris de photos des lieux.

- Je vais prendre une photo de la salle de jeux, là où l'ancienne directrice de l'orphelinat du Castel a été retrouvé le crâne brisé par un coup de hache.

Morgane rangea son magnétophone et sortit son appareil photo. Elle l'alluma et pointa la chaise où la directrice était morte, ainsi qu'une partie de la bibliothèque. Elle activa le flash afin d'être sûr d'avoir une photo suffisamment claire. Un petit «clic» se fit entendre et une lumière fit son apparition, indiquant que la photo avait été prise. Morgane jeta un œil pour voir si la photo était réussie, et elle poussa un cri d'horreur.

Une forme humaine se tenait assise sur le fauteuil. Elle ne l'avait pas vu lorsqu'elle jetait un œil dans la salle de jeux, ni même en regardant sur l'écran de l'appareil. Cette forme n'apparaissait que sur la photo, la forme d'une vieille dame assis sur le fauteuil. Morgane voulut croire à un défaut de l'appareil, mais cela était trop étrange pour considérer cette anomalie comme purement technique. Soudain, Morgane sentit de nouveau un gros coup de froid, et lâcha sans le faire exprès l'appareil photo qui, en touchant le sol, pris une photo qui éblouit la jeune femme.

Elle ramassa l'appareil et regarda la photo. Une forme de jeune femme ayant l'âge de Morgane se tenait derrière elle, tendant sa main vers l'épaule de celle-ci. Morgane n'arriva pas à crier, tellement la surprise était grande.

Elle entendit alors le son d'un piano, qui venait de la salle de bal qu'elle n'avait pas encore visité. La jeune femme se dirigea lentement vers celle-ci. C'était un air mélodieux, lui rappelant fortement le solo de Victor dans le film Les Noces Funèbres qu'elle avait vu de nombreuses fois quand elle avait treize ans. La personne qui jouait du piano rejouait constamment le même morceau, et elle eut le temps de le jouer au moins trois fois le temps que Morgane arrive dans la salle de bal.

Lorsque la jeune femme ouvrit la porte de cette salle, elle vit le piano. Un magnifique piano qui devait coûter une fortune. Devant ce piano était assis une femme en robe noire, une robe de deuil, qui jouait toujours les mêmes notes sur le magnifique instrument. Morgane n'arrivait pas à y croire. Ainsi c'était vrai, les fantômes existaient vraiment !

La jeune femme eut peu de temps pour se réjouir de cette découverte, car la musique s'arrêta soudainement. La pianiste se leva doucement et se tourna vers Morgane. Elle leva doucement le doigt vers elle avant de hurler :

- Ils vont t'attraper !

Morgane paniqua et courut en direction de la porte d'entrée. Celle-ci se referma soudainement. La jeune femme tenta désespérément d'ouvrir la porte, mais rien à faire, elle était coincé. Morgane se mit à pleurer.

- Je vous en prie, laissez-moi partir !

Des rires se fit entendre derrière elle. La jeune femme se retourna et vit deux jumeaux, ressemblant à ceux découverts morts dans la flaque de boue, se tenant par la main avec un sourire de psychopathe.

- Viens jouer avec nous, Morgane, dirent-ils en cœur.

- NON !

Morgane hurla si fort que les enfants firent un pas en arrière. La porte s'ouvrit enfin et la jeune femme partit en courant, définitivement changée, comme tous les autres vivant ayant mis les pieds au Castel avant elle...